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  • Pélerinage au Cap Ferret

    Un petit constat lors d'une promenade
    Nous partîmes tous deux de Lanton et par le prompt renfort de notre vaillant véhicule, nous arrivâmes sains et saufs sur le parking du Mirador. Un chat roux à la toison hivernale, méditait sur le bord d’une clôture.
    Je l’abordais sans détour, sachant ne pouvoir résister au désir de le caresser.
    – Tu en as de la chance d’être ici, à regarder cet espace immense battu par les vents et les embruns ! Tu dois remercier Dieu et le ciel d’être un chat à cheval sur le bassin et le grand large !
    Il me regarda de ses yeux jaunes et je reçus sa pensée. 
    - Certes ! Fit-il (me sachant à proximité d’Audenge) mais le Dieu que je prie est plutôt Bubastis et je suis chargé en haut lieu de transmettre ce que je vois…
    Le priant de nous excuser, car nous avions à faire, nous le saluâmes d’une dernière caresse et nous nous en fûmes vers la pointe. Un panneau officiel interdisait depuis le mois de décembre 2015 l’accès à la plage. 
    J’observais au large le jeu des lames qui se contrariaient. On aurait dit un maelstrom et je compris combien de courageux pêcheurs avaient dû périr près de ces passes.
    Il me revint en mémoire un poème que j’avais écrit.

    HOMMAGES…

    Honneurs à vous, vieilles barques, tilloles légères
    Chaloupes non pontées et pinasses d’un autre âge dont
    Les courbes parfaites nous font imaginer, que par dame nature vous fûtes enfantées.
    Honneurs à vous hardis marins qui franchissiez 
    La “barre” de vos bateaux légers, sachant que sous
    Les lames vous risquiez le trépas.
    Combien ont disparu, sous les coups de boutoir
    D’un océan sauvage qui ne se souciait guère des bouches orphelines.
    Honneurs à vous, veuves des mers que la douleur
    Égare, mais dont tous les enfants ont le désir de vivre.
    Honneur à tous, car de vos sacrifices, il n’y eut point de
    Plages que nous n’eussions aimées.

    Malgré notre déconvenue d’être privé de cette liberté littorale, nous bifurquâmes par le sentier de l’abécédaire. Main dans la main, nous attaquâmes le chemin d’un bon pas. Une forêt galerie de mimosas en fleur répandait dans l’espace une fragrance divine. Il nous fallut marcher longtemps, mais la balade était somptueuse. Certes nous glissions de temps à autre sur des aiguilles de pins et nous nous rétablissions dans un fou-rire… A notre gauche les dunes côtières, mamelons vallonnés, abritaient sur leurs ventres des colonies végétales d’espèces endémiques. Une petite plante bleuâtre répandait en permanence une forte et indéfinissable odeur…
    Nous arrivâmes au lieu-dit les Shadocks et nous vînmes une pompe de la société Vermilion qui semblait à l’arrêt. Là-aussi, interdiction d’accéder à la plage à cause des effondrements de falaises. Enfin, un chemin de sable autorisé nous amena, après bien des ahanements, car il était vraiment pénible à gravir, à l’océan dont la marée montait. Hormis quelques personnes, peu de monde, l’endroit semblait quasiment désert. Je constatais que la plage était propre, totalement dépourvue des immondices des tempêtes passées. Un frisson parcourut mon corps lorsque je constatais que l’eau arrivait presque aux dunes et que ces dernières effectivement semblaient tranchées au couteau. Certes, nous n’étions pas en un endroit où le flot arrivait au galop, mais inquiet, je conseillais à mon épouse de faire rapidement demi-tour.
    Nous regagnâmes le véhicule qui nous avait patiemment attendu et nous filâmes vers Hortense, circuit obligé du retour. On ne pouvait pas passer devant le restaurant alors en travaux, aussi nous bifurquâmes par un chemin non goudronné. Aucun panneau ne nous en empêchait l’accès.
    Une brèche énorme, d’une centaine de mètres, libérait de furieuses vagues dont l’amplitude s’étendait non loin d’une villa, plus en contrebas. Je constatais qu’en un an, la digue, submergée, n’existait plus malgré l’amoncellement de roches et de poteaux en béton. Je songeai alors à la catastrophe possible lors d’une grosse tempête. Le passage était déjà prêt.
    Il était temps de rentrer…

    François Veillon

  • La bouteille à la mer

    LA DÉPÊCHE INATTENDUE

     

    Le temps est gris et mon humeur n’est pas au beau fixe. Je marche en solitaire tout au long de cette plage désertée par les estivants des vacances perdues. Le vent a soufflé fort cette nuit et sur la grève, la mer s’est débarrassée de la frange encombrante dont elle ne voulait plus. J’observe, non sans effroi, cette écume grise où gisent les déchets des populations inciviques.

     

    Çà et là, gisent les immondices révélatrices des comportements humains. Des canettes en aluminium flottent encore dans des trous d’eau où frétillent des alevins prisonniers. Comment faire pour transformer ce désastre écologique en utile alternative… Je pense que j’expédierai un message, une supplique, une main tendue vers une âme ou un cœur qui y sera sensible. Oui, je crois que j’enverrai une bouteille à la mer afin d’avertir et de préserver des naufrages les populations qui n’ont pas encore conscience que la nature est chose fragile.

     

    Je choisirai un jour de gros temps, un de ceux qui vous font monter les marées d’équinoxes jusqu’à l’intérieur des terres. Alors, à la syzygie descendante, je lâcherai le contenu de mon espoir. Le récipient devra être solide pour résister à la pression marine. Le message sera clair, transparent comme le cristal des âmes pures. Je le détaillerai ainsi : « Hommes et femmes de toutes nationalités ce que vous recherchez, vous l’avez en vous. Soyez heureux de ce que vous avez et vous serez bien plus riches. Vous devez tous vous regarder dans les yeux comme des frères. Ce que vous faites à votre ennemi, vous le faites à vous-même. Vous tuez aujourd’hui l’enfant que vous avez été. Pardonnez mais n’oubliez pas. Ne dévorez pas sans vergogne la nature qui survient à tous vos besoins. Pensez à être plus circonspects quand vous abattez des animaux ou que vous arasez une montagne ; un sol stérile n’a jamais nourri personne. »

     

    Je porterai ma bouteille un lundi, en espérant qu’elle touchera une grève le samedi, car les gens seront plus détendus pour en examiner le contenu. Un enfant, peut-être, en jouant sur le sable, la trouvera et ressentira l’excitation de l’explorateur qui vient de découvrir une région inconnue. En fait, ce sera bien un petit bout de terre qu’il tiendra entre  ses mains potelées. Il en jouera un instant avec ses amis, shootera nécessairement dedans et là, le message jaillira de la bouteille cassée, comme un génie sortant de sa lampe.

     

    Bien entendu, il ne  lira pas cette langue, pas plus que je pourrai parler la sienne. Il avertira ces parents qui bien sûr possèderons Internet et déchiffrerons le message  avec un outil de traduction. Ils contacteront alors les dépositaires de l’autorité de la commune, du village, de la ville, que sais-je encore… Il y aura  des palabres, des colloques, des séminaires, des réunions d’information. Les journaux, les réseaux sociaux et la télévision s’empareront de l’affaire. Les politiques prendront parti et les religieux se signeront. Des associations du pour et du contre seront créées. L’enfant ayant trouvé le papier fera le buzz sur le web. Une vidéo sera tournée à l’endroit de la découverte. Elle sera vue des millions de fois.

     

    Un débat public sera engagé, car la teneur du texte paraîtra comme une énigme :

    -Qu’a voulu dire l’auteur ? On se perdra en conjectures car les mots utilisés dans la construction de la missive ne correspondraient plus à la vie d’aujourd’hui.

    -C’est tout juste s’il ne parlait pas d’amour, diront les plus clairvoyants ! Non, ce résumé de périphrases et tout à fait anachronique ! C’est un doux rêveur qui  l’a rédigé !

    -Peut-être un anachorète dans sa grotte ! Oseront les plus hardis.

    -Pourtant, si l’on examine le papier, on se rend bien compte qu’il est contemporain de notre époque, c’est cela qui est troublant, comment peut-on écrire des énormités pareilles à notre époque !

    Un expert et un contre expert confirmeront l’utilisation d’un support blanc de quatre vingt dix grammes, généralement utilisé pour les imprimantes.

     

    -Nous ne pouvons en rester là ! Clama l’opposition, qui attendait son heure, mettant au défi le gouvernement de prendre ses responsabilités. Face à la crise imminente, car on craignait la guerre civile, un consensus fut trouvé. Dans les cas les plus graves, on avait recours à l’ultime alternative. Elle ne relevait ni de politique, ni de religion mais d’un conseil de sages, qui pouvait donner un avis très objectif dans les situations les plus conflictuelles.

     

    Ils se réunirent pendant quinze jours. On leur apportait à boire et à manger par un sas et ils n’avaient pas le droit de sortir ou de commenter ces évènements gravissimes. Même leurs épouses ne devaient en aucun cas les faire parler, pas même sur l’oreiller ! Ils étaient comme des jurés à un procès d’assises.

     

    A l’issue du quinzième jour, un porte-parole annonça la grande nouvelle ; les grands éclairés avaient trouvé un compromis. Au vu de l’importance de la déclaration, un jour de congé national fut décrété.

     Le plus âgé du groupe s’avança, chancelant, soutenu par les plus jeunes.

    -Nous avons longuement examiné ce document dont le contenu illicite est une atteinte à nos bonnes mœurs ! Il s’avère que nous avons eu l’idée de regarder au verso et là, la solution nous crevait les yeux ! Il y était mentionné que, pour que ce message puisse faire le tour du monde, il convenait à chaque pays de le remettre à la mer ! C’est ce que nous allons faire ; ainsi nous nous lavons les mains de ces propos lamentables qui n’honorent pas leur auteur !

    Le jour d’après, sur le bord du quai, une foule énorme, assistait, soulagée, au lancer de la bouteille, qui s’en fut comme un bouchon au gré des courants.

     

    Cela dit, j’aimerais, si j’envoyais une lettre à la mer, je souhaiterais que son contenu soit un avertissement, une supplique, mais aussi un espoir, au même titre que la colombe, ramenant dans son bec un rameau d’olivier en signe d’apaisement et de fraternité.

    François Veillon

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  • Retour vers le passé

    Retour vers le passé
    Je n’arrivais pas à trouver le sommeil, cette nuit-là. La soirée de danse Country avait été particulièrement éprouvante et je repassais mentalement les dernières chorégraphies exécutées sur la piste. Trop énervé pour me livrer aux bras de la bienheureuse Morphée, je me pris à réfléchir sur le sens de la vie ; y-avait-t-il quelque chose, au-delà du monde qui m’entourait ?"J’avais beaucoup lu sur le sujet. Je ne voulais pas, comme ces libres penseurs, renier l’immortalité de l’âme et frissonner de terreur devant l’inconnu lors de l’arrivé du dernier jour. "
    J’ai eu au cours de ma vie, quelques trop rares occasions de me rendre compte de la dualité manifeste du corps et de l’esprit."Vers la fin de la nuit je parvins enfin à m’endormir."Le rêve, très banal, commença ainsi."
    L’action se déroulait à Saint Médard en Jalles où mon épouse et moi-même avions habités pendant de très nombreuses années."
    "
    Je désirai me garer dans un parking de la mairie. Au moment où j’engageai la voiture, la concierge ferma les portes et coinça l’avant du véhicule ; je ne pouvais alors ni avancer ni reculer. Furieux, je descendis et avertis la personne que j’allais de suite en parler au maire."Aussitôt, tel un sésame, les grandes baies vitrées s’ouvrirent et je pus engager mon véhicule à l’intérieur. Je me retrouvais ensuite dans une sorte de café et je me mis à discuter avec un groupe de jeunes gens. Au moment de nous séparer, je vis que ma voiture avait disparue. Toute l’équipe se mit à la chercher dans les environs, apparemment sans succès. Nous avisâmes un petite porte et là, je les avertis avec humour :"-Il ne faudrait pas qu’en la franchissant, on se retrouve dans une autre époque !"
    Mes compagnons du moment disparurent et je me retrouvais au sein de la mairie. Une foule de personne vêtue d’habits des années trente y vaquait. Je ne connaissais personne. On aurait dit un colloque archéologique, car je vis de nombreuses cartes anciennes et quelques vieux mystères aujourd’hui résolus. Lorsque je voulus prendre la parole et dire à ces gens que ce qui paraissait extraordinaire à leurs yeux ne l’était plus, ils me dirent de m’occuper de mes affaires, et d’abord, qui j’étais !"
    "
    Un peu décontenancé, je sortis et me retrouvais dehors. Il faisait un soleil magnifique une clarté extraordinaire et une chaleur des mois d’été. Les bâtiments en pierre ressemblaient encore à quelque chose, car aujourd’hui, Saint Médard ressemble aux villes du Bassin, avec la même urbanisation galopante. "
    "
    Le réalisme était saisissant, sauf que j’étais aussi tangible dans ce lieu que vous qui me lisez. Vous êtes devant votre ordi, vous respirez, vous regardez autour de vous, vous vous touchez le poignet, vous savez que vous êtes bien présent à cet instant. Vos pensées et votre conscience sont bien là ! Et moi c’était pareil dans un autre monde, une autre époque."
    Pour m’assurer de l’authenticité de la situation, je froissais une feuille de platane et la portais à mon oreille ; je perçus très clairement le son que cela faisait. J’avisais un peu de sable, à mes pieds. Pour me convaincre que je ne rêvais pas, je le pris à pleine poignée et je le serrais fortement. Le sable se mit à couler entre mes doigts et je ne pus douter d’être là où je me trouvais. Je décidais de m’avancer sur la route où j’habitais autrefois. Ma femme devait certainement m’attendre et je pourrais me réveiller si c’était un rêve. Peine perdue, à perte de vue ce n’était que forêts. Evidement songeai-je, si je suis dans les années trente ce n’est pas étonnant. Cependant, prisonnier de ce monde où j’évoluais avec mes pensées et ma conscience, je commençais à paniquer. Je me posais des questions. Etait-il possible de revenir ainsi dans le passé ? Etais-je en train de revivre une incarnation précédente, Etais-je mort ? Cette question m’effraya, car je n’avais averti personne de mon départ et je savais que j’avais encore des choses à terminer, mais à l’époque moderne."Alors, il me revint à l’esprit un texte que j’avais lu, dans le quel il suffisait de penser à son corps pour le réintégrer."
    Ce que je fis."
    Je dis mentalement ; je désire revenir dans mon corps à l’époque actuelle !"Sous mes yeux ébahis, je me sentis soulevé de terre comme une plume et je perdis conscience."
    Lorsque j’ouvris les yeux, je me rendis compte avec soulagement que j’étais dans mon lit à deux pas de mon cher Bassin."Ceci n’est pas la divagation d’un poète ni une histoire inventée de toutes pièces. C"’est pour apporter un peu d’espoir que je me suis permis de vous la transmettre."François Veillon

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  • Le voyage au Teich

    Le voyage au Teich

    Nous garons le véhicule sur le parking du Relais Nature. L’ombre salvatrice et bienfaisante d’un arbre nous promet la fraîcheur au retour de la balade. Le sac à dos est bien arrimé et les sangles bien tirées. Nos mains se joignent comme au début où nous nous sommes juré fidélité.

    Le voyage commence sur le sentier verdoyant de la forêt galerie. Sur notre droite la rivière tranquille se fraie un passage au travers des arbres abattus par le courroux  des dernières tempêtes.

    Des plages de sable blond ourlent le bord de la Leyre. Nous nous approchons, la quiétude de l’onde me semble bien trompeuse, car je la sais puissante et impétueuse.

    Des hordes de moustiques viennent nous assaillir. Nous les accueillons avec de chaleureux applaudissements suivis de claques amicales. Mais ils sont constitués de compagnies et de divisions organisées  nous obligeant à une retraite stratégique.

    Nous saluons au passage des gens inconnus. Nous croisons des sportifs qui se jouent des obstacles en évitant prestement les ornières et racines qui jonchent le parcours. Eux ne disent pas bonjour, trop occupés qu’ils sont à consulter  leur montre où doivent se lire les kilomètres, le temps et la fréquence cardiaque. Sur ma gauche un chêne énorme balise le sentier. Je lui fais un léger signe de tête, car il abrite peut-être un esprit de la nature et je n’ai pas envie, par mon impolitesse, de me faire poursuivre par quelque grand troll aux grandes jambes de bois.

    Nous arrivons enfin au port du Teich. Nos chevilles tourmentées par les inégalités  du sol nous font souffrir. Que de changement ! Tout d’abord nous voyons un bassin de baignade où évoluent un grand nombre de personnes. Les voitures occultent le grand parking par centaines. Le port s’est considérablement agrandi. La présence nautique aussi. Nous ne reconnaissons plus rien. Même la grande motte de sciure que nous aimions escalader a été arasée…

    Nous faisons une petite halte sur une table de bois et le déjeuner copieux restaure nos forces affaiblies.  Devant nous,  des constructions à étages s’immiscent entre les prés où paissent des chevaux et le parc ornithologique. Nous écartons de notre esprit une urbanisation naissante qui pourrait envahir ce site préservé. Il est temps de repartir. De nouveau harnachés, nous reprenons la route ou plutôt le sentier constitué d’une argile dure où il fait bon marcher. Ce n’est plus ce chemin montant sablonneux malaisé, mais de tous les côtés, le soleil est encore exposé. 

    A gauche, dans le parc, nous observons divers volatiles aux cris gutturaux. Ils plongent le cou dans l’eau sans se mouiller les ailes et ramènent des petits alevins qu’ils avalent goulûment. Ici chaque écluse porte un nom. Nous saluons un homme qui fait boire et déboire au gré de la marée.

    Nous entendons au loin le vrombissement bien connu des jets-skis. Une odeur d’essence envahit nos narines palpitantes avides des senteurs du grand large. Lorsque nous arrivons, nous pouvons contempler le spectacle magnifique de ces sportifs qui font des huit sur la rivière et nous sommes émerveillés des grandes vagues qu’ils créent sur les bords. Nous savons aussi que c’est utile pour les fonds marins, car ainsi ils sont oxygénés !

    Enfin, nous parvenons à une plage vraiment magnifique. Peu de monde, une vue panoramique réellement exceptionnelle. Deux grosses tâches blanches gâtent un peu le paysage. Ce sont deux gros cygnes adultes morts. Nous nous approchons de la marée qui monte. De petites vagues lèchent peu à peu  la plage de sable fin. La lumière me vint.

    "Regarde ! Dis-je à mon épouse, Il est normal que les cygnes meurent, car ils ne peuvent plus voir les herbiers !" En effet l’eau, que je croyais préservée et limpide en ce lieu, présentait une turbidité que l’on pouvait aussi constater dans notre Bassin Nord.

    Elle ne fut pas convaincue par mes savantes explications.

    Tout-à-coup, je tombais à genoux.

    "- Tu ne vas pas bien ? S’enquit aussitôt ma moitié.

    - C’est inespéré ! Je ne pensais pas, de mon vivant, revoir cela !"

    Je brandis sous ses yeux incrédules une poignée de varech que je portais aussitôt sous mon nez afin de me rappeler les senteurs iodées d’autrefois.

    Au vu de cet instant rarissime la gorge de mon épouse se serra.

    "On le ramène à la maison !" Fit-elle dans un souffle.

    Le retour se passa sans incident. Grâce aux fumées de la Smurfit nous sûmes que nous étions sur le bon chemin.

    Il était temps de rentrer.

    François Veillon

    Lanton.

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  • Pour trouver chaussure à son pied

    Pour trouver chaussure à son pied…

    Ce sont des boîtes qui ne sentent pas le cirage,
    Mais le bâtiment neuf, aux multiples étages.
    Ceignant de part et d’autre une voie sans lacets,
    Elles trônent alignées, carrées mais sans excès.

    Elles sont belles, arborant les couleurs à la mode
    Et l’on peut respirer par ces trous bien commodes.
    Mais aussi ces rebords où l’on peut observer,
    Mais sans s’éterniser pour ne pas s’asphyxier

    Elles sont bien montantes si le pied est petit,
    Mais peuvent se déployer quand il est aplati.
    Il en a fallu du temps pour accepter leurs lignes
    Où tout arrondi malséant serait un trait indigne !

    D ‘ailleurs les éculées ont toutes été rasées,
    Au profit de réceptacles pour escarpins dorés.
    La caisse est importante en ce lieu convoité
    Et il est recommandé de venir s’y délasser.

    Pour être dans le bain chacun à sa pointure,
    Sa forme, son toit son armature et devanture.
    Oui, pour se chausser de cuir et de mocassin
    Rien n’est meilleur que les boîtes du Bassin.

    François Veillon 
    Lanton

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  • J'ai entendu des voix

    J’ai entendu des voix...

    Elles étaient à peine audibles, comme les gémissements d’un enfant qui souffre, mais en m’approchant, j’ai franchement entendu le désespoir et les plaintes qui sourdaient au travers des portes et des volets fermés. Je vis qu’il s’agissait d’une des survivantes de la rue principale, la villa Jeanne d’Arc. Cet arc d’ailleurs ne décochera plus les flèches qu’un cupidon taquin aurait pu envoyer encore… Devant la vieille demeure qui attend son trépas, afin de céder la place à douze appartements, un gros magnolia qui à chaque printemps ravissait mon regard, tremble de toutes ses feuilles d’un destin imminent. Il subira sans doute le sort du fidèle et vieil araucaria de la rue Castro.
    Elle pleurait donc, cette maison de caractère qu’il aurait fallut restaurer au lieu de la raser. La boucle bientôt se refermera et l’on aura une ligne de front des immeubles carrés, sans esprit partout dans cette ville. Les nouveaux trottoirs roses occultent le passé et bien des arbres y ont perdu la vie, hurlant de désespoir et de douleur sous les dents des tronçonneuses voraces. Sans rien dire, ils voyaient tout mais ne disaient rien. Ils emmagasinaient le passé patrimonial si cher à notre souvenir et à chacune de nos vacances, nous les retrouvions toujours un peu plus beaux. Mon cœur se serre de voir que tout se dénature ici peu à peu, sous les coups de boutoirs de la nature de l’homme.

    Envoyé par Veillon (francoisveillon@aol.com) le 11/06/2013 09:23:27

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  • Contes rendus du poète...


    Nom : Veillon François
    E-mail : francoisveillon@aol.com
    Message : Contes rendus du poète... La pluie et la bise glaciale de ce début de février s’insinuaient sous nos vêtements d’hiver et malgré nos atours matelassés, nous grelottions de froid. La sous-préfecture dressait sa haute silhouette de pierre, presque un anachronisme au milieu de tous ces magasins et ces hautes tours cubiques et sans style. Les grilles de fer noires, épaisses, infranchissables nous indiquaient qu’il s’agissait là d’un autre monde. Des caméras de part et d’autre en contrôlaient l’accès. Nous étions cinquante et devinrent trois cent en arrivant au bord. Chacun d’entre nous affichait un calme olympien ; nous n’étions pas des agités qui par un débordement se retrouvent au poste à présenter leurs papiers. Je pensais alors que c’était nous la démocratie avec nos revendications très honorables, vitales même pour notre avenir et celui de notre descendance. Je pensais à notre droit du sol et de notre respect pour la nature que nous voulions sauvegarder. Nous sommes étrangers à cette politique à outrance d’urbanisation, car nous sommes purs, des citoyens honnêtes et respectueux. Nous n’avons besoin de personne pour savoir qu’une des causes de la mort du bassin est la pollution et chacun de nous est attentif à ne pas le souiller. Quelles que soient les municipalités, elles veulent s’agrandir, mais jusqu’à quand ? Les riches seront plus riches, et après… il y a le pouvoir, la gloire, mais après… Pensif, je regardais les responsables d’associations filtrés par le service d’ordre qui, un par un allaient entrer dans le sein du saint. Pour l’énième fois un représentant de la justice rappelait aux manifestants l’interdiction d’accrocher leur banderole aux grilles. Je compris qu’il s’agissait là d’un des sanctuaires de la République. De fait, ces pauvres malheureux durent soutenir à bout de bras le poids de leur contradiction. Enfin après avoir battu le pavé et écouté tous les intervenants, nous vînmes revenir nos émissaires. Le Sous-Préfet les ayant écouté promettait d’en référer en haut lieu, précisant toutefois que le dernier mot revenait aux élus des communes… Le Sous-Préfet devrait soumettre aux ministres en charge, un projet de loi obligeant toutes les municipalités à envoyer par courrier à chaque habitant un avis consultatif pour chaque enquête publique diligentée. Peu de temps plus tard la manifestation fut dissoute et chacun, pensif et dubitatif, s’en fût vers sa demeure respective. Je levais les yeux et je vis le soleil au travers d’un pin sylvestre. Je reconnus là l’archétype du Bassin. Lorsque je les baissais, je vis d’horribles tours cubiques serrées les unes contres les autres. On aurait dit un cimetière où les concessions des gisants auraient été en surnombre… Voici ce qui nous attend avec la surpopulation annoncée. Avec toutes les charges et impôts dont nous nous acquittons sans broncher, il serait judicieux de créer un fond de sauvegarde du patrimoine pour sauver ces vieilles demeures dont le cachet à fait la réputation de toutes nos stations de la côte. Il est, pour conclure, paradoxal, qu’avec tous les organismes et mandats de défense du Bassin, ce dernier soit de plus en plus malade. Nos seules alternatives pour que s’élèvent nos voix sont les associations qui veillent à ce que notre patrimoine ne soit pas trop vite dilapidé…

    François Veillon
    E-mail : francoisveillon@aol.com

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  • Des composteurs pas chers?

    Bonjour,
    Voici le mail que je viens d'envoyer à la Coban.


    Madame, Monsieur,


    L'idée de vendre un composteur à un prix "symbolique" était excellente. 
    Ayant reçu l'information dans ma boite à lettre à Lanton, heureuse de cette initiative citoyenne  inattendue, je me précipite à la décharge d'Andernos le 22 septembre, une semaine après le début annoncé de la vente. 

    Peine perdue : "les stocks sont épuisés" (une semaine après, quel succès !) "revenez vendredi prochain". 

    Vendredi matin 28 septembre, je refais les 10km jusqu'à Andernos, où 2 messieurs très officiels s'excusent, puis notent mon nom et mon adresse email pour m'avertir au plus tôt.  

    Bah .... ces 40km en voitures (2 aller-retours) n'auront peut-être pas été inutiles et déçue mais avec encore de l'espoir, je m'en retourne chez moi.
    Aujourd'hui 16 octobre, aucune nouvelle ....

    Les milliards de billes de pin maritime qui attendent depuis des années à être utilisées n'ont donc pas été prises d'assaut pour servir à quelque chose ??
    Ah mais ce n'est pas si simple, les composteurs ne viendraient pas directement de chez nous, ils feraient le tour de quelques pays avant de revenir au point de
    départ ? Incroyable , est-ce possible ?

    Cette exceptionnelle bonne idée de la Coban tomberait-t-elle à l'eau, comme les sacs poubelles lancés des bateaux et qui ont raté leur cible  flottant au milieu du Bassin ? 
    (quel bel exemple d'engagement citoyen : éduquer les gens à jeter tout de suite leurs ordures sur des engins flottants, plutôt que de les rapporter à la maison pour
    les trier et les mettre dans leur poubelle ...). Il est vrai que nos poubelles sont déjà bien pleines de prospectus au papier glacé ... dont les vôtres d'ailleurs.

    Bref en attendant ce fameux composteur qui aura fait couler beaucoup d'encre  et d'essence, je continue à entasser mon compost aux quatre coins du jardin, où il se trouve très bien.

    Cordialement,
    Anne

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